Ça a commencé sur la banquette d’un train Prijedor-Sarajevo, un peu après Doboj, quand l’Incorrigible pigiste et sa complice photographe se sont regardées et se sont dit: « Il faut qu’on revienne. »
Revenir, c’était revenir au village de Trnopolje, en Bosnie-Herzégovine. Deux mille âmes, une épicerie, une école et le silence. Et un tel besoin de parler que l’Incorrigible pigiste et sa complice photographe ne pouvaient pas ne pas revenir. C’est ce qu’elles ont fait, en embarquant avec elles un troisième larron, à la fois preneur de son, cadreur et monteur, et surtout assez fou pour partir en Bosnie à ses propres frais faire un webdocumentaire avec deux camarades qui n’en avaient jamais fait – et qui n’avaient jamais fait de film non plus. (Respect, Jean Bath!)
Tout ça parce qu’il y avait une histoire à raconter: celle d’une école devenue camp pendant l’été 1992, au début de la guerre et du nettoyage ethnique, puis redevenue une école, dans un petit village où le temps d’un été, des voisins et des collègues sont devenus victimes et bourreaux, et dont les enfants vont aujourd’hui à l’école ensemble. Une histoire à raconter, par ceux qui l’avaient vécue et qui continuaient de la vivre, mais qui ne pouvaient en parler.